3 français sur 10 prêts à déménager à cause des risques climatiques

Un quotidien déjà bouleversé

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : neuf Français sur dix affirment que le dérèglement climatique impacte déjà leur vie quotidienne. Fini le temps où ces questions relevaient de l'abstraction scientifique ou de la conscience écologique diffuse. Aujourd'hui, la réalité climatique s'impose dans les gestes du quotidien, les factures d'énergie, les restrictions d'eau estivales, les épisodes caniculaires à répétition.

Cette prise de conscience se traduit par un changement radical dans l'approche immobilière. Les propriétaires comme les futurs acquéreurs intègrent désormais le risque climatique à leur réflexion, au même titre que la surface habitable ou la proximité des transports. Acheter un bien, ce n'est plus seulement investir dans des murs, c'est aussi parier sur la résilience d'un territoire face aux décennies à venir.

La canicule, première angoisse des Français

Parmi toutes les menaces climatiques, une domine largement : la canicule. 67% des Français la redoutent, plaçant la chaleur extrême en tête du palmarès des inquiétudes. Dans les régions du Sud, cette angoisse atteint des sommets, alimentée par une peur tout aussi concrète : celle des pénuries d'eau. Ce qui relevait autrefois de l'exception estivale devient la norme redoutée, avec ses cortèges de nuits suffocantes et de journées où sortir devient une épreuve.

Cette crainte masque pourtant une réalité paradoxale : si les Français redoutent surtout la canicule, le premier risque réel sur le territoire reste l'inondation. Mais c'est bien la chaleur qui marque les esprits, probablement parce qu'elle touche directement et durablement le confort de vie, transformant les logements en fournaises et rendant les villes invivables.

Un territoire, une angoisse

Chaque région développe ses propres craintes climatiques, dessinant une carte des vulnérabilités françaises. Les inondations inquiètent 50% de la population, tandis que 57% redoutent les orages et tempêtes, particulièrement dans l'Ouest où les épisodes venteux se multiplient. Dans le Sud, ce sont les incendies qui cristallisent les peurs, avec 32% de Français concernés.

Cette géographie des angoisses reflète une prise de conscience progressive : le changement climatique n'affecte pas uniformément le territoire. Chaque région compose avec ses propres vulnérabilités, et cette disparité alimente aujourd'hui une volonté de mobilité inédite.

Le grand exode climatique se dessine

Face à ces menaces, 28% des Français envisagent de changer de commune, et 12% sont prêts à franchir un cap supplémentaire en changeant carrément de région. Les habitants de l'Île-de-France et du quart Sud-Est sont les plus nombreux à considérer cette option radicale. Pour eux, rester signifie s'exposer : à la chaleur urbaine amplifiée par le béton, aux risques d'inondation, aux restrictions d'eau de plus en plus fréquentes.

Ce phénomène annonce une mutation profonde du marché immobilier. La valeur d'un bien ne se mesure plus seulement à son emplacement traditionnel, sa surface ou ses équipements, mais aussi à sa capacité de résilience face aux aléas climatiques. Proximité de l'eau, exposition aux vents, végétalisation du quartier, risques d'inondation : autant de critères qui pèsent désormais dans la balance.

La Bretagne, nouvel eldorado climatique

Où fuir quand le territoire se réchauffe ? La réponse des Français est claire. La Bretagne arrive largement en tête des destinations privilégiées avec 37% des suffrages, suivie par la Normandie (14%), l'Auvergne-Rhône-Alpes (9%), la Nouvelle-Aquitaine (7%) et ex-aequo les Pays de la Loire et le Grand Est (6%).

Le littoral atlantique et les zones tempérées deviennent les nouveaux territoires désirables, promesses d'un climat plus clément, d'une chaleur moins oppressante, d'une pluviométrie suffisante. La Bretagne, longtemps raillée pour son ciel gris et sa pluie persistante, incarne désormais une forme de paradis climatique. Un renversement symbolique qui en dit long sur l'ampleur du basculement en cours.

L'action locale jugée insuffisante

Mais cette migration climatique naissante révèle aussi une profonde déception. 77% des Français estiment que leur maire ne met pas suffisamment d'actions en place pour lutter contre le dérèglement climatique. Un chiffre massif qui témoigne d'un décalage entre l'urgence ressentie par les citoyens et les réponses apportées par les collectivités locales.

Pourtant, les Français savent ce qu'ils attendent. Leurs priorités forment un triptyque cohérent : 67% réclament davantage de végétalisation urbaine, 64% exigent l'arrêt de la bétonisation, et 56% souhaitent être éduqués aux bonnes pratiques écologiques. Moins de béton, plus de vert, davantage de pédagogie : un programme clair pour des villes plus résilientes.

Un nouveau paradigme territorial

Cette enquête dessine les contours d'une France en mutation. Le climat ne façonne plus seulement nos paysages, il redéfinit nos choix de vie les plus fondamentaux. Pour les propriétaires, investisseurs ou futurs acquéreurs, le risque climatique n'est plus une variable optionnelle mais un critère central de décision.

La valeur d'un bien immobilier se calcule désormais aussi à l'aune de sa capacité à affronter les décennies à venir. Dans ce nouveau paradigme, certains territoires gagnent en attractivité quand d'autres risquent de voir leur valeur s'éroder progressivement. Une recomposition géographique s'amorce, silencieuse mais inexorable, qui pourrait redessiner en profondeur la carte démographique française.

Et vous, votre commune vous semble-t-elle préparée aux défis climatiques ? Avez-vous déjà envisagé de déménager pour cette raison ?

Source : Enquête Odoxa réalisée en septembre 2025 auprès de 13 164 Français