750 000 seniors en "mort sociale"

750 000 seniors vivent aujourd'hui en "mort sociale" en France, sans aucun contact avec leur entourage. Selon une étude des Petits Frères des Pauvres et CSA en septembre 2025, ce chiffre a plus que doublé en huit ans. Pourtant, la solution commence peut-être juste derrière votre porte : dans votre coproprié
Une isolation qui explose
Le vieillissement de la population n'explique pas tout. Ce qui frappe dans cette étude, c'est la vitesse à laquelle le lien social se désagrège. En moins d'une décennie, le nombre de seniors complètement isolés a été multiplié par 2,5. Une progression fulgurante qui interroge nos modes de vie, notre urbanisme, notre rapport au voisinage.
Pour beaucoup de ces personnes âgées, le lien social n'est pas une abstraction : c'est une question de survie psychologique. Le simple fait d'échanger quelques mots avec quelqu'un, de croiser un regard bienveillant, peut changer une journée. Ou une vie. Mais encore faut-il que ce lien existe.
Le cercle le plus proche géographiquement s'effrite
L'un des constats les plus frappants de l'enquête concerne les relations de voisinage. En 2025, 26 % des seniors déclarent n'avoir aucun contact avec leurs voisins. C'est 5 points de plus qu'en 2017. Autrement dit, même à quelques mètres de distance, même en partageant le même hall d'entrée, le lien se perd.
Cette donnée est essentielle. Elle montre que l'isolement ne se joue pas seulement à l'échelle des grandes politiques publiques ou des dispositifs nationaux. Il se joue dans l'intimité d'un immeuble, dans le silence d'un couloir, dans l'indifférence d'un ascenseur où l'on évite de se regarder.
Et c'est précisément là que tout peut changer. Car si la copropriété est devenue, pour certains, un lieu d'anonymat, elle peut redevenir un territoire de rencontre et d'entraide. À condition que quelqu'un fasse le premier pas.
La copropriété, territoire d'action
En tant que propriétaire, vous croisez peut-être chaque jour des voisins seniors isolés. Vous les voyez entrer, sortir, récupérer leur courrier. Parfois, vous ne les voyez plus du tout. Votre immeuble n'est pas qu'un investissement patrimonial ou une ligne dans votre déclaration fiscale : c'est une micro-société où vous pouvez agir concrètement.
La copropriété représente un territoire d'action immédiat, accessible, à échelle humaine. Contrairement aux grandes réformes structurelles qui prennent des années à se mettre en place, vous pouvez commencer dès demain. Mieux : dès aujourd'hui. Il suffit d'un regard, d'un sourire, d'une phrase simple pour réveiller ce qui dort dans un immeuble.
Briser l'anonymat
Tout commence par le contact humain. Et celui-ci n'a pas besoin d'être spectaculaire pour être efficace. Au contraire, ce sont souvent les gestes les plus simples qui créent les liens les plus durables.
Présentez-vous à vos voisins directs. Dites bonjour dans les escaliers. Souriez dans l'ascenseur. Posez une question simple : « Comment allez-vous ? », « Tout va bien aujourd'hui ? ». Ces phrases banales, que nous négligeons par pudeur ou par habitude, sont parfois les seules qu'une personne âgée entendra de la journée.
Si vous avez un gardien d'immeuble, il est souvent le premier témoin de l'isolement. Discutez avec lui. Il connaît les habitudes, repère les absences, sait qui va bien et qui va moins bien. C'est un allié précieux.
Invitez un voisin à partager un café, proposez-lui un petit service. Ces gestes créent un terreau de confiance et permettent aux seniors de se sentir vus, entendus, considérés. Parfois, c'est tout ce qu'il manque.
Entretenez le lien au quotidien
Le lien social ne se décrète pas une fois pour toutes. Il se nourrit de micro-actions, répétées, inscrites dans le quotidien. Heureusement, les occasions ne manquent pas.
Aider à porter les courses jusqu'à l'étage. Promener le chien d'un voisin qui a du mal à se déplacer. Récupérer un colis en cas d'absence. Partager un trajet pour faire des courses ou aller chez le médecin. Ces petits services, qui ne coûtent presque rien en temps, ont une valeur inestimable pour quelqu'un qui se sent seul.
Mais le lien social peut aussi être plus festif, plus collectif. Organiser un apéritif dans le hall ou la cour de l'immeuble, monter un vide-grenier, célébrer la fête des voisins : autant d'occasions de recréer du commun. Certaines copropriétés mettent en place un carnet de liaison dans le hall, où chacun peut laisser un mot, proposer un service, signaler une difficulté. D'autres créent un groupe WhatsApp pour faciliter les échanges.
L'important, c'est la régularité. Une action isolée, aussi généreuse soit-elle, ne remplace pas une présence dans la durée. C'est cette continuité qui tisse un véritable réseau d'entraide.
Votre engagement, une valeur ajoutée
Agir dans votre copropriété pour briser l'isolement des seniors, ce n'est pas seulement faire une bonne action. C'est aussi créer un cadre de vie plus agréable pour tous. Un immeuble où les gens se parlent est un immeuble où l'on se sent bien. C'est un lieu où les conflits se résolvent plus facilement, où l'entraide devient naturelle, où chacun veille un peu sur l'autre.
D'un point de vue patrimonial, ce type d'ambiance valorise votre bien immobilier. Un immeuble convivial attire davantage que quatre murs anonymes. Les futurs acheteurs ou locataires y sont sensibles.
Mais au-delà de ces considérations pratiques, agir contre l'isolement, c'est participer à un projet de société. C'est refuser que 750 000 personnes disparaissent du lien social. C'est dire que l'indifférence n'est pas une fatalité.
Et maintenant ?
Connaissez-vous vos voisins seniors ? Savez-vous qui vit seul dans votre immeuble ? Votre copropriété organise-t-elle des moments collectifs ? Quelle action pourriez-vous lancer dès cette semaine ?
Ces questions ne sont pas rhétoriques. Elles appellent une réponse concrète, immédiate. Parce que chaque geste compte. Parce que derrière une porte, à quelques mètres de chez vous, quelqu'un attend peut-être simplement qu'on pense à lui.
Commencez aujourd'hui. Transformez votre immeuble en communauté solidaire. Les 750 000 seniors en situation de “mort sociale” ne sont pas une statistique : ce sont des voisins, des anciens collègues, des grands-parents. Et la solution commence par un bonjour.
