2025 : l’année où votre ascenseur va faire exploser vos charges

Dans les couloirs feutrés des assemblées générales de copropriété, un nouveau sujet s'invite à l'ordre du jour : l'ascenseur. Pas pour une panne, ni pour un ravalement esthétique. Non, cette fois, c'est la technologie qui force la main. Et la facture pourrait bien faire grincer des dents.
Un bouton jaune qui cache une révolution technologique
Vous l'avez sûrement déjà observé sans vraiment y penser : ce petit bouton à cloche jaune dans votre ascenseur. Derrière cette sonnette discrète se cache un système de téléalarme connecté au réseau mobile. En cas de panne ou de blocage, c'est lui qui permet d'alerter les secours. Un dispositif de sécurité obligatoire, régulièrement contrôlé, et pourtant… devenu obsolète.
Selon la Fédération des ascenseurs, près de la moitié des 630 000 ascenseurs français fonctionnent encore avec des modules 2G ou 3G. Le hic ? Ces réseaux vont progressivement disparaître à partir de 2025. Et sans connexion, impossible de joindre les secours. Résultat : des milliers d'appareils risquent de se retrouver immobilisés, faute de mise à jour technique.
Le compte à rebours est lancé
Les opérateurs téléphoniques ne font pas mystère de leur calendrier. Orange prévoit de couper progressivement son réseau 2G dès la fin 2025. SFR suivra fin 2026, et Bouygues Telecom tiendra jusqu'à fin 2029. Pour la 3G, l'extinction est programmée entre 2028 et 2029 chez les trois acteurs majeurs.
Ce qui semblait lointain devient donc urgent. D'ici quelques années, sans intervention, des milliers d'ascenseurs pourraient se retrouver hors la loi, incapables d'assurer leur mission première : transporter en toute sécurité. Pour les copropriétés, le message est clair : il faut agir, et vite.
Une facture salée pour les copropriétaires
Remplacer un module de téléalarme 2G ou 3G par un équipement compatible 4G ou 5G coûte entre 1 000 et 1 500 euros par ascenseur, selon les informations relayées par Capital. Un investissement technique qui pourrait sembler raisonnable… si l'addition s'arrêtait là.
Mais il y a un second volet, plus insidieux : l'abonnement téléphonique. Dans une résidence de l'Isère étudiée par la start-up Manda, la facture annuelle est passée de 360 euros à 850 euros après le passage à la 4G. Soit une hausse de plus de 135 %. Un surcoût qui viendra s'ajouter à des charges de copropriété déjà en constante augmentation depuis plusieurs années, entre inflation, travaux énergétiques et hausse des contrats d'entretien.
Pour une résidence comptant plusieurs ascenseurs, la note peut vite grimper. Et dans un contexte où les copropriétaires scrutent chaque ligne de budget, cette nouvelle dépense risque de faire des vagues.
Des décisions collectives… et des délais serrés
Le problème ne se limite pas à l'aspect financier. Il y a aussi une dimension organisationnelle. En copropriété, toute dépense importante doit être votée en assemblée générale. Or, ces réunions ne se tiennent qu'une fois par an, voire moins dans certaines résidences. Entre la présentation du projet, les discussions, le vote du budget et la planification des travaux, plusieurs mois peuvent s'écouler.
Les syndics de copropriété tirent la sonnette d'alarme : il faut anticiper dès maintenant. Inscrire le sujet à l'ordre du jour, consulter les entreprises spécialisées, comparer les devis et voter les crédits nécessaires. Attendre 2026 ou 2027 pourrait se révéler trop tard, surtout si les entreprises se retrouvent submergées de demandes.
Une transition inégale selon les territoires
Autre facteur à prendre en compte : la couverture réseau. Si les grandes métropoles bénéficient d'une excellente connexion 4G et 5G, certaines zones rurales ou semi-urbaines peuvent connaître des difficultés. Dans ces secteurs, le passage à la 4G ne garantit pas toujours une qualité de signal optimale, ce qui peut poser des problèmes de fiabilité pour les systèmes de téléalarme.
Les copropriétés situées dans ces territoires devront peut-être négocier avec les opérateurs ou installer des solutions techniques complémentaires, comme des amplificateurs de signal. Autant de coûts et de complexités supplémentaires à anticiper.
Et maintenant, que faire ?
Pour les copropriétaires, la première étape consiste à se renseigner. Votre syndic a-t-il déjà abordé le sujet ? Quel est le type de réseau utilisé par votre ascenseur ? Un diagnostic technique peut permettre d'y voir plus clair.
Ensuite, il faut inscrire la question à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale. Voter un budget dédié, même si les travaux ne sont pas immédiatement nécessaires, permet de lisser l'effort financier sur plusieurs exercices comptables. Certaines copropriétés font aussi le choix de provisionner dès 2025 pour éviter un pic de charges brutal.
Enfin, n'hésitez pas à comparer les offres. Les entreprises de maintenance d'ascenseurs proposent désormais des forfaits incluant la mise à jour technique et l'abonnement téléphonique. Certaines start-ups, comme Manda, se positionnent sur ce créneau en promettant des tarifs plus compétitifs. À vous de faire jouer la concurrence.
Partagez votre expérience
Votre copropriété a-t-elle déjà voté le remplacement des modules de téléalarme ? Avez-vous pu anticiper les surcoûts, ou avez-vous été pris de court ? Partagez vos témoignages en commentaires. Dans ce genre de situation, l'entraide entre copropriétaires peut faire toute la différence. Et surtout : alertez vos voisins. Mieux vaut anticiper que se retrouver coincés entre deux étages, sans possibilité d'appeler à l'aide.

