Espaces & imaginaires

Comment Jane Jacobs a-t-elle révolutionné l’urbanisme ?

Inconnue du grand public, elle a pourtant bouleversé la manière dont nous pensons les espaces urbains. Journaliste, essayiste et militante, elle s’est imposée comme la grande adversaire du béton et des plans rigides, défendant une ville vivante, organique, façonnée par celles et ceux qui l’habitent.

Jane Jacobs, l’urbaniste qui a milité pour des villes plus humaines

Née en 1916 en Pennsylvanie, Jane Jacobs était une journaliste, philosophe, mais aussi urbaniste. À ses 18 ans, elle s’installe à New-York dans le quartier de Greenwich Village et commence à repenser les villes et les espaces urbains.

Son écrit le plus connu a été publié en 1961, il s’agit de The Death and Life of Great American Cities, qu’on pourrait traduire par “Déclin et survie des grandes villes américaines”.

Son idée dans ce livre, c’est de s’opposer aux projets d’aménagement de l’époque, qui visent à raser des quartiers entiers pour construire des autoroutes et des immeubles standardisés. Ces projets sont notamment portés par Robert Moses, urbaniste lui aussi et surnommé le “maître-constructeur” de New-York. Parmi eux, un projet d’autoroute urbaine, qui avait pour ambition de couper Manhattan en deux et donc, de séparer des quartiers et des communautés.

Un concept qui va totalement à l’encontre de l’idéologie de Jane Jacobs, qui, elle, prône l’importance de concevoir des espaces dans lesquels des gens peuvent se croiser, et ce, qu’importe leur milieu social, leur génération ou encore leur culture.

Alors, Jane Jacobs, portée par son envie de concevoir les espaces autrement, décide de se mobiliser avec les habitants de Greenwich Village pour bloquer ce projet. Elle devient la figure de résistance communautaire qui oppose les habitants du quartier aux projets de rénovation urbaine de la municipalité. Finalement, l’autoroute urbaine est abandonnée, permettant à Jane Jacobs de réaffirmer son ambition de construire des villes plus humaines.

La ville intense : comment repenser nos villes d’après Jane Jacobs ?

« Un quartier n’est pas seulement une réunion d’immeubles, c’est un tissu de relations sociales, un milieu où s’épanouissent des sentiments et des sympathies. »

Jane Jacobs

Pour Jane Jacobs, l’étalement urbain et les grandes infrastructures contribuent à détruire la ville. Elle dénonce l’uniformisation et l’aseptisation des espaces urbains que prône le mouvement modernisme de l’époque. Pour elle, il faut plutôt repenser les villes en fonction des besoins de leurs habitants. C’est comme cela qu’elle pose le concept de ville intense. Au cœur de sa pensée, la question suivante : comment revitaliser l’espace public ?

La ville intense, c’est la densité, et la densité peut effrayer. Pour éviter cela, Jane Jacobs impose une règle : intégrer de la mixité dans nos villes car celle-ci impose de créer des opportunités de rencontres entre les habitants.

Dans son livre phare The Death and Life of Great American Cities, elle définit ainsi les éléments clés pour repenser nos villes :

  • Avoir “les yeux dans la rue”, c’est-à-dire permettre la circulation des piétons et l’occupation de l’espace public tout au long de la journée ;
  • Favoriser le capital social, en construisant un réseau de relations entre voisins ;
  • Inciter à l’économie locale pour que les villes, et même les quartiers, puissent fonctionner de façon autonome ;
  • Penser les usages avant la forme, pour tenir compte des modes de fonctionnement de la ville sans accorder trop d’importance à la technologie ou aux tendances ;
  • Générer de la diversité dans nos villes, en mélangeant des habitations, des lieux de travail et des commerces pour pouvoir créer des opportunités de rencontre et d’échanges.

En bref, Jane Jacobs concevait les villes comme des écosystèmes à part entière et sa vision de l’urbanisme a clairement influencé la façon dont sont aujourd’hui conçus nos espaces urbains.

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