"Tradwife" : le mouvement qui prône un retour à la maison pour les femmes

Sur les réseaux sociaux, un mouvement prend de l’ampleur : celui des Tradwives. Derrière les conseils de ménage et les recettes maison, une vision idéalisée du foyer qui réhabilite des rôles genrés et interroge notre rapport au logement et à l’intime.
C’est une tendance qui voudrait que les femmes restent entre les quatre murs de leur foyer, à s’occuper du ménage, des repas et du bien-être de leur mari. Sur les réseaux sociaux, le mouvement des Tradwives promeut une vision idéalisée des femmes au foyer des années 1950, valorisant la domesticité au détriment de l’indépendance.
Qui sont les "Tradwives", ces femmes qui prônent un mouvement ultra-conservateur du retour de la femme au foyer ?
Apparues d’abord en Angleterre, puis aux États-Unis, les Tradwives, ou traditional wives, ont été popularisées par Helen Andelin qui théorise ce mouvement dans son livre Fascinating womanhood (Fascinante féminité), publié en 1963.
Directement inspiré de fasicules anonymes publiés dans les années 1920, Fascinating womanhood décrit les préceptes de la féminité vus par Helen Andelin, c’est-à-dire : une femme qui ne travaille pas et reste à la maison pour s’occuper du foyer et rendre son mari heureux.
Aujourd’hui, le livre s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires et en est à sa sixième édition. Mais alors, qui sont les Tradwives d’aujourd’hui ?
Leur place se joue principalement sur les réseaux sociaux où elles documentent leur mode de vie. Avec des formats comme “Une journée dans ma vie”, des recettes de cuisine ou bien des explications face caméra sur leur vision du mariage, ces Tradwives transforment la domesticité en véritable produit de consommation.
La pionnière du mouvement, c’est Estee Williams. Elle cumule 200 000 abonnés sur Tiktok et près de 120 000 sur Instagram. Originaire de l’Etat de Virginie, aux Etats-Unis, elle incarne la Tradwife parfaite, une sorte de Marylin Monroe 2.0. Sur les réseaux, derrière les tutos maquillage et les recettes de cuisine, elle popularise le mouvement des Tradwives, donne des conseils pour “attirer un homme viril”, partage des astuces pour assurer la pérénité de son mariage comme “apprendre à cuisiner et nettoyer pour être une bonne hôte” ou encore “manger sainement et faire régulièrement de l’exercice pour rester attirante”.
Le phénomène des Tradwives : du business de l’influence à la normalisation d’un retour à la maison des femmes
Derrière ces injonctions à la beauté et ces préceptes ultra-conservateurs, se cachent en réalité de véritables business women, qui font des partenariats avec des marques sur les réseaux sociaux et ont construit une vraie communauté engagée. Dans un reportage Envoyé Spécial diffusé en novembre 2024, on retrouve Alexia, qui gagne près de 20 000€ par mois en prônant ce mode de vie traditionnel.
Mais au fond, cette marchandisation de l’espace domestique pose une question plus large : c’est quoi le foyer aujourd’hui ? Un lieu de repli ? De résistance ? Ou un simple décor pour Instagram ?
Avec les Tradwives, le privé se transforme en une véritable vitrine publique qui, au passage, diffuse une vision romatisée de la soumission entre quatre murs.
Le problème, c’est que ce modèle n’est pas anodin. En glamourisant ces rôles genrés, les Tradwives participent à une réhabilitation à grande échelle d’une vision conservatrice de la société. Elles séduisent des milliers de followers avec un quotidien mis en scène, mais au passage, normalisent l’idée que le rôle naturel de la femme est de rester chez elle.